Etonnant et improbable le fruit que fait mûrir le hasard.

Une fois de plus, c'est troublant de constater qu'une petite décision ou un simple changement de programme puissent orienter à tel point le cours d'un voyage, d'un itinéraire,qui se dessine au gré des envies, des rencontres, chaque jour.

Les attentes, les surprises, les joies et les déceptions d'un voyage inorganisé!


C'est donc après deux jours de route qu'on se retrouve enfin à la plage, à Praia Forte. Etape bien méritée et salvatrice, après trois trajets en stop dont 5h avec André dans sa petite voiture poussiéreuse, route interminable horizontale, soleil de plomb vertical.

S'en sont suivis 4 bus heureusement climatisés et une première nuit à la mer au hasard du bus qui nous y emmena, dans une petite ville portuaire industrielle où l'on n'a croisé aucun touriste au milieu des ramifications d'énormes oléoducs qui parcourent toute la côte. Là où le Lonely Planet aurait noté "ville balnéaire sans intérêt", on trouve à Madre de Deus un accueil chaleureux et une pousada à 500m de la plage. Pas de sable blanc ni de cocotiers mais de la musique, des parasols et de larges sourires sous les chapeaux de paille.


Le lendemain, à Praia Forte, se plante un tout autre décor de boutiques d'artisanats et de chinoiseries,de restaurants italien,mexicain, israelien, d'hôtels de luxe ou de pousadas pour packpakers avertis.

Alors, au milieu de tout ça, on se voyait déjà reparti. Mais heureux hasard - s'il en est - qu'on se soit adressé à Marcelo, artisan loco cheveux en bataille, en quête de pistes où dormir.

Et quand il nous a proposé de nous héberger, chez lui, à 10kmde là, dans un coin de nature,nous vantant agroécologie et bioconstruction, on a oscillé dans des chemins tortueux entre méfiance et confiance. Et cette fois, comme souvent la coutume, on a décidé de faire confiance à la vie et de lui faire confiance.


Lieu de "Paz e Amor",de sable et de terre, de reggae et de macramé, la rencontre se crée, naturelle et complice, pleine de vie, aux côtés de Marcello et Gie, sa compagne delurée aux airs de Janis, maniaque de son intérieur dans lequel s'amoncellent plantes vertes, bibelots et attrapes-rêves. Il y aussi Uriano le petit neveu et Viajé, tout droit arrivé de la favelas, ayant laissé la rue pour un coin d'atelier,et troquer le crack contre le macramé. Et puis la vieille chienne Mescalinda, les chats et les poules.


Pied à terre et pieds dans le sable pour une quinzaine de jours, entre artisanat et capignette, à la Communidad du Bom Vivir, le fruit de notre hasard.