Perdre l’usage des mots c’est un peu comme...
Se retrouver en Perte de sens,
Se tromper de sens,
Être dans le silence,
Être dans le besoin permanent de se faire entendre mais devoir attendre, sagement
Reprendre, se faire reprendre
Apprendre sans toujours être capable d’entreprendre
Situations embarrassantes et incessantes sessions de signes
Savoir mimer l’essentiel, le basique, épurer les lignes
Quand pour pouvoir prétendre sans s’y méprendre à se faire comprendre
On doit s’attendre à se prendre des échecs, des regards perdus, ou pire, qui se désintéressent
Puis a force d’efforts, de passages en force,
On commence à frôler quelque chose
On ose essayer de développer une idée
On remplace un geste par un mot, un verbe, qu’on a maintes et maintes fois répété
Alors cette fois on a la foi...
Mais reste la prononciation, la diction et la pression!
Ça sort, ça ricoche, c’est brut de décoffrage, mais on s’accroche
Et on s’applaudit intérieurement pour un simple:
"je vais me coucher, bonne nuit " !
Apprendre a ne pas parler, savoir résumer une idée, synthétiser par nécessité
Un manque de vocabulaire qui force à se taire
A tourner sa langue dans sa bouche avant de parler
En tentant, même si c’est pire, de traduire
Et tout ça sans faire rire
Bienveillance de l’auditoire facilitant les tentatives parfois illusoires de participer, de converser
Barrière de la langue...
Toutes les barrières sont faites pour être sautées, disait l’autre
Mais faut être prêt à grimper
Pour espérer Goûter à l'après
Des marches à franchir tranquillement
Geste après geste, gens après gens
Sans forcément répandre ses opinions
Mais ici et là, suivant les méandres de l'apprentissage à un âge avancé,
Réussissant, de temps en temps, à répondre plutôt qu'à questionner.
Faut avouer que l'exercice est intéressant et permet une humilité bonifiante
Le prisme change, séisme intérieur, cerveau qui bouillonne,
Alors on questionne donc:
"Qu'est ce que tu pense du nouveau président?"
Un classique quelque peu logique
Venant d'un adepte de la discussion politique
Instructif et peu intrusif car neutralité idéologique
Prendre le temps d'étendre les données, les avis,
Ingurgiter les schémas de pensée
Pour parfois se faire surprendre
Sentir une réflexion, une opinion, tantôt divergente, tantôt conciliante,
Mais argumentée et pouvant compléter la fameuse base de données, élémentaire et nécessaire
Celle qui favorise la prise de recul face au cumul d'émule médiatique,
Quand se passent des changements étatiques
"Pays fasciste?"
Autre question qui brûle les lèvres,
Mais parfois bouche close vaut mieux qu'ambiance morose...
Soyons clair, si tu n'ose pousser la prose au delà du consensuel,
Dans des domaines modérément conflictuels
Le risque est de repartir comme on est venu
Sans espérer Toucher à cette diversité nationale,
Cette complexité électorale.
Heureux est l'esprit critique qui ne se satisfait pas de la propagande matinale
Poussant le bouchon et le bout de son nez, pour trouver SA vérité.
Revenons à cette escalade linguistique...
De débats unilatéraux sur le bien fondé de généraux,
A la formulation d'interrogations plus précises bien qu'encore concises,
La barrière s'efface et laisse place à un univers,
Mais ce nouveau monde de palabres mérite inventaire, tri et intériorisation,
L'ascension n'est pas finie...
On Écoute, pour réussir à prendre son inspiration,
Insuffler au goutte à goutte ce qu'on a emmagasiné, sans pouvoir le partager
On passe à une autre écoute, celle de l'autre
Peu à peu, on s'affirme et on affirme, on relate, on partage.
L'attention se fait plus ferme et on nous prête l'oreille.
C'est toujours haché et on ressent cette sensation pas très jouasse
D'être un peu molasse, un peu mollusque,
De parler lentement (mais sûrement, soit!),
De ralentir le tempo de la conversation
Un peu comme quand ton pote, sûr de lui, va mettre du reggae juste après du breakbit en soirée...
Puis un beau jour on se laisse surprendre à penser en portugais,
On se réveille un matin avec cette sensation ennivrante, tellement vibrante d'être partie prenante,
Ça y est! La balance s'inverse, on a chevauché la barrière, et on regarde derrière,
Le chemin qu'on a parcouru, tout ce qu'on a Goûté, Touché, Senti, Entendu, pour retrouver la Vue.
Joie de la retrouver dans un lieu où on se sent bien
La vague impression d'être parmi les siens.
Justement on peut faire comme à la maison, parler histoire, politique, et éthique de vie.
Quand autour d'une salade de champignons, tu exprime ton opinion:
Wouaaaah quelle sensation!
Vivre une discussion pleinement, se sentir en possession de ses moyens, de ses sens.
Avoir franchit la barrière, tout en étant conscient que devant
S'étend un chemin
Chemin qui parait bien mieux éclairé que quand on a commencé,
Dans cette immensité majeure qu'est la remise à zéro des compteurs.
Route sinueuse, non pas semée d'embûches, mais d'arrêts,
De rencontres, de personnes qui nous montrent, nous apprennent, nous reprennent,
Nous filent leurs clefs.
Quelle folle aventure que se retrouver sans sens,
Sans essence pour tenir la bienséance,
Sans mots...
Perte de notions, gain de sagesse?
Une chose est sûre, On a pas le droit à la paresse!