Arrivée a Magé. Ville carrefour, ville banlieue, joyeux bazar, c'est aussi la préfecture du district, à 1h30 de bus de Rio (ou 6h de taxi + Train + attente + train + bus dans notre version).


La maison de nos hôtes se trouve à une trentaine de minutes en voiture, au bout d'un chemin difficilement carrossable, au pied de montagnes luxuriantes qui forment des crêtes en zigzag - "doigts de Dieu" . La végétation déborde, la chaleur est accablante et il parait que les pluies déferlent de temps en temps en des torrents rouges brique argileux. Nos hôtes prendront le temps de nous raconter que peu de gens cultivent la terre ici, on trouve plutôt des maisons secondaires de Cariocas. En descendant à pied au village "Jardin Esmeralda", on croise quand même des vaches, beaucoup de bananiers et des parcelles en friches, et quelle friche !


L'agriculture bio est absente, et les produits bio ne s'achetent que dans les supermarchés bobo de Rio, ou tout est très cher.

Anderson nous explique que plusieurs éléments l'ont fait renoncer à cultiver des légumes : 

-Les fourmis ont ravagé ses cultures

- Les semences bio sont difficiles à obtenir et parfois introuvables

- Les prix à la vente sont chers et innaccessibles pour la majeur partie des consommateurs.


Finalement, il s'est tourné vers les plantes d'ornements qu'il vend sur les marchés de Rio chaque semaine. Les fruits et légumes qu'il cultive et sa passion pour la pêche sont dédiés a leur propre consommation. On trouve sur leur terrasse des petites plantes grasses en pagailles arrivées tout droit de la forêt, repiquées avec soin et arrosées quotidiennement. 


Briony, sa compagne, originaire d'Ecosse et installées ici depuis 8 ans est désabusée de ne rencontrer personne qui partagerait les mêmes valeurs qu'eux ici. Et les récentes élections sont écœurantes, même les gens des favelas ont fait partie des votants pour Bolsonaro tout en faisant partie de ceux et celles qui seront encore plus opprimés : les noirs, les pauvres, les femmes, les homosexuels. 


Malgré tout Bryony et Anderson semblent avoir trouvé un espace d’oxygène et de réflexion dans lequel ils peuvent être et faire avec une part de solitude, loin de la folie urbaine.